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Lettre d’opinion : Ce que l’article d’Isabelle Dubé oublie de dire sur les courtiers immobiliers

26/04/2025

Lettre d’opinion : Ce que l’article d’Isabelle Dubé oublie de dire sur les courtiers immobiliers

Un récent article signé Isabelle Dubé dans La Presse compare le tarif horaire d’un courtier immobilier à celui d’un médecin. On y lit qu’un courtier gagnerait 524 $ de l’heure pour vendre une maison, alors qu’un omnipraticien gagne autour de 191 $/h.

À première vue, ça choque. Mais à y regarder de plus près, c’est une comparaison qui simplifie à outrance, qui ignore la réalité du métier, et qui, honnêtement, frôle la mauvaise foi intellectuelle.

Voici ce que l’article ne vous dit pas.


1. Un taux horaire brut qui ne reflète rien de la réalité

L’article calcule un taux horaire en divisant la commission brute par le nombre d’heures de travail estimées.

Problème : ce chiffre ne tient absolument pas compte :

  • des frais d’agence
  • des dépenses de marketing
  • des assurances professionnelles
  • des impôts
  • des heures non facturables
  • des dossiers abandonnés ou perdus en cours de route

Un courtier immobilier n’est pas un salarié. C’est un travailleur autonome, qui :

  • paie tout de sa poche
  • assume tous les risques
  • ne touche aucun revenu tant qu’il n’y a pas de vente

Pas de vacances payées, pas d’assurance collective, pas de fonds de pension.

Pendant ce temps, un médecin salarié bénéficie d’un écosystème structuré, stable, financé par l’État, avec du personnel de soutien, du matériel payé, des horaires fixes et un revenu garanti.

Comparer ces deux réalités sur la base d’un taux horaire théorique, c’est comme comparer un sprinteur à un alpiniste : ils font tous les deux de l’effort, mais ce n’est pas du tout le même terrain de jeu.


2. L’illusion des « 37 heures pour vendre »

Selon l’article, un courtier passe environ 37 heures à vendre une propriété, si tout se passe bien.

Voici ce que ce chiffre oublie :

  • Les heures investies avant même de décrocher le mandat
  • Les visites exploratoires et rendez-vous préparatoires
  • Les photos, vidéos, mise en marché, déplacements
  • Les communications avec d’autres courtiers, notaires, banques, évaluateurs, arpenteurs
  • Les suivis après la vente, souvent négligés mais essentiels
  • Et surtout : les dossiers qui ne se concluent jamais

Certaines ventes demandent 80 heures de travail, d’autres échouent après des semaines d’efforts. Le fameux « 37 heures » est une moyenne optimiste, probablement fondée sur des cas très fluides, et pas représentative de la réalité du terrain.


3. Comparer la formation à un DEP : simpliste et trompeur

Autre angle du dossier : le niveau de formation. On y compare les 570 heures de formation d’un courtier à celles d’un DEP en vente-conseil ou en tourisme.

Mais il ne s’agit pas ici de vendre un forfait voyage ou un réfrigérateur.

Un courtier immobilier est appelé à :

  • comprendre le droit immobilier, les vices cachés, les promesses d’achat, les contrats
  • gérer des transactions à plusieurs centaines de milliers de dollars
  • analyser des documents légaux et fiscaux
  • se protéger (et protéger ses clients) grâce à une assurance responsabilité

Comparer ce rôle à un DEP de 900 heures en vente, c’est passer à côté de la charge mentale, des risques financiers, de la complexité du terrain.


4. Un DEC de 3 ans pour tous ? Bonne idée… mais pas une solution miracle

Certains courtiers, cités dans l’article, suggèrent qu’un DEC de 3 ans devrait être obligatoire pour obtenir un permis de courtage.

Peut-être. Mais cela ne garantit ni l’éthique, ni la compétence, ni l’efficacité.

L’expérience terrain, le mentorat, le cadre réglementaire et la formation continue sont souvent plus formateurs qu’une formation académique longue. Sinon, il faudrait imposer les mêmes standards aux inspecteurs, évaluateurs agréés, arpenteurs, etc. Ce n’est pas le cas.


5. Mesures disciplinaires : attention aux raccourcis

L’article reproche à l’OACIQ de ne pas afficher toutes les mesures disciplinaires prises contre certains courtiers. Ce qu’il oublie de préciser : seules les décisions officielles du comité de discipline, à la suite d’une plainte formelle, sont rendues publiques. Les rappels à l’ordre, formations correctives ou plans d’amélioration ne le sont pas — comme dans la majorité des ordres professionnels.

Allez voir le site du Collège des médecins ou du Barreau : vous n’y trouverez pas les avertissements internes ou suivis discrets de leurs membres non plus. Il ne faut pas confondre transparence et confidentialité administrative.


Conclusion : des chiffres vrais, sortis de leur contexte

Les comparaisons faites dans l’article sont basées sur des données vérifiables, oui. Mais elles sont présentées hors contexte, sans nuance, dans un angle sensationnaliste.

Un courtier immobilier est un entrepreneur, pas un salarié.

Il vit dans un environnement incertain, à revenu variable, où l’effort n’est pas toujours récompensé, où il finance sa croissance, où il assume tous les risques.

On peut — et on doit — élever le niveau de la profession. Mais ça commence par comprendre sa réalité. Pas la caricaturer.


Vous êtes courtier ? Vous trouvez qu’on oublie trop souvent ce qu’implique réellement notre métier ? Partagez cet article. Engageons la discussion.

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